Extrait
FOURBE
[…]
Une infâme femme en forme d’enfant en faille d’homme
Une faille d’ogre en soi.
Ces ténèbres invincibles tenaces,
jolie craquelure fine au tableau,
c’est juste une ombre bombée au bas du dos.
Et c’est encore une vrille qui fait corps,
ni blessure, ni béance, c’est un sort,
comme le brame du cerf à l’aurore.
[…]
PARCOURS
Le ciel crache et déborde ses déjections,
intimes, sur nos mouvements. Mais il est libre.
Emmitouflé dans une marche incapable,
le bout mouillé des manches agace mes poignets.
Les gouttes froides de pluie picorent ma peau.
Dans le vent mordant, un visage se fissure.
Un regard avide dans le néon, messager,
d’un espoir dont le ciel se raille alentours.
Hypnotisé dans une marche incapable,
d’attente. Alors, les larmes, se font évidentes.
Dans le tram strasbourgeois qui me transporte, trop lent,
la vitre s’efface sous le reflux des cris tus.
Les gouttes de pluie parcourent vives, elles dessinent
comme une multitude de petits doigts parcourent un corps,
des chatouilles d’enfants qui se raconteraient leurs détails.
Les gouttes de pluie glissent si vite, l’une dans l’autre
un désir en toccatas de rencontres précipitées
C’est un jeu de chat qui marque la première chute.
Les gouttes de pluie dansent ivres puis, elles s’affolent
contre l’horloge retenue d’un cœur en course folle.
Des frissons dans les yeux expirent encore après la peur.
Les gouttes de pluie terminent leur course, et aspirées
disparaissent, dans le rail noir du carreau prisonnières,
sous le fleuve des appels de la nuée des enfants fous.
Entre les gouttes denses, la vitre m’impose un mur.
Un million d’éclats d’obus exposent l’imaginaire.
C’est l’arme de pluie qui rouille la moelle de tes barreaux.
Sous les larmes, les gouttes de pluie frappent à l’œil, dures,
comme certains reflets brisent un miroir, celui trop flou,
de cette fenêtre moqueuse, au creux de ta cellule.
La Gaine [extrait]
[…]
Les cellules suintent, contaminent, étouffent
la pensée dans une gaine trop petite
C’est un baiser du passé que sent encore la peau,
qui s’immisce, plus avant déjà dans le caveau.
C’est un baiser posé qui marque de son parfum, comme au front,
l’onction d’un baptême imposé.
C’est une caresse donnée qui reste dans un geste béant, inachevé.
C’est une caresse éclatée qui entre en corps sur les lèvres gercées d’une plaie.
Le grain d’un regard qui s’accroche à la mémoire
comme le sable s’endort dans le pois creux du ventre.
La Morosité de notre Violence
2015
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